LES COMPTEURS CONNECTÉS
La promesse d'une gestion optimale des réseaux ou l'emprise invisible de l'IoT ?
EDITO
Numérique raisonné
En ce jour du 24 septembre 2021, se clôture le défi de la rentrée de GEM, axé sur le numérique raisonné. Depuis deux semaines déjà, nous avons travaillé jour et nuit pour répondre à des problématiques liées à l’IoT (Internet of Things). Nous, en tant que TD H, nous nous sommes concentrés plus particulièrement sur les compteurs intelligents, et la controverse des années 2010. Non pas sans peine, nous avons fait ressortir plusieurs enjeux significatifs.
Le refus du compteur Linky s’est construit autour de la collecte des données personnelles de ses utilisateurs. Ceux-ci ont été installés suite à des directives européennes, sans la consultation préalable des consommateurs, ce qui a fortement attisé la méfiance de ceux-ci concernant leur données. Et oui, en tant que bon français, la peur de voir ses données revendues à des fins purement commerciales effraient les usagers.
Ces compteurs connectés ont pour but premier de réduire la consommation d’énergie des foyers français et donc, de participer à la transition énergétique au niveau européen et mondial. Mais le gaspillage qu’a engendré le remplacement des anciens compteurs a envenimé la controverse (tout est toujours propice à la critique en France ;) ), car il est complètement contradictoire avec l’objectif environnemental affiché.
L’idée principale qui ressort après notre étude, approfondie bien entendu, est de savoir comment informer l’utilisateur de l’utilisation de ses données, et comment convaincre les Français d’adopter Linky.
En vous souhaitant une bonne lecture de nos initiatives.
Un peu d'histoire...
CONFIDENTIALITÉ
Le traitement des données personnelles est bien l’enjeu majeur de ces nouveaux compteurs connectés. Les risques de piratage et d’utilisation à des fins commerciales sont non négligeables ; d’autant plus que ces « fuites » d’informations peuvent exposer les consommateurs à des discriminations. Mais la collecte des informations est primordiale pour faire avancer la recherche et stimuler l’innovation.
Si la France assure la protection des données personnelles en obligeant les entreprises à sécuriser les données de leurs utilisateurs via l’article 32 du RGPD (Règlement général sur la protection des données), les textes de loi restent peu nombreux. De plus, un nombre important d’informations sont stockées aux Etats-Unis, pays non soumis au RGPD.
La sécurité de leurs données est ce qui inquiète le plus les consommateurs. Dans une époque où plane la menace des hackers et des cyber-attaques, les usagers veulent s’assurer que leurs données personnelles ne tombent pas entre de mauvaises mains. Les entreprises ont su se montrer innovantes en créant un nouveau système de sécurité : le Security by design, et les Blockchains limitent les piratages via la transmission et le stockage des informations sans un organe central de contrôle.
ÉTHIQUE
D’un point de vue éthique, la délégation systématique de la prise de décision aux intelligences artificielles pose problème. Certains crient à une robotisation de la société et sont même alarmants quant à une perte de lien social. Mais d’un autre côté, la démocratisation des intelligences artificielles a avant toute chose, permis à l’Homme de se débarrasser de tâches contraignantes et même dangereuses.
La mise en place des compteurs connectés fait la promesse d’un respect de l’environnement via la diminution des émissions de CO2, en éduquant les consommateurs à des pratiques plus économes en énergie. Le tout, dans une logique de transition énergétique. Cependant, la fabrication de ces compteurs connectés engendre une forte empreinte carbone, ainsi que des effets de rebond (c’est-à-dire que les consommateurs ne prennent pas réellement en compte leur impact environnemental et donc ne réduisent pas leur consommation).
ENVIRONNEMENT
LES ACTEURS FAVORABLES
Les acteurs favorables aux compteurs connectés sont aussi les plus engagés économiquement dans ce secteur. Les gestionnaires du réseau de distribution et de transport de l’électricité (GRD et GRT) et les fournisseurs d’électricité sont intéressés par cette innovation qui simplifie et automatise leur tâches. Mais plus encore, pour le président d’ABB France Iann Funnell, les compteurs connectés sont nécessaires à la mise en place des smarts grids, nécessaires à la transition énergétique. Enfin, les constructeurs de compteurs ont un intérêt économique à voir les nouveaux compteurs installés. Le marché généré par le remplacement des anciens compteurs pourrait représenter 40 milliards d’euros à l’installation en France et 2 milliards d’euros par an d’entretien.
Qu'en est-il à l'étranger ?
Creos est une société gestionnaire d’électricité au Luxembourg qui installe des compteurs intelligents depuis 2016. Leurs compteurs ne présentent aucun risque pour le respect de la vie privée, d’abord grâce à la fréquence des relevés de consommation qui ne permet pas de déduire les appareils utilisés. Ensuite, l’ensemble des données récoltées sont cryptées, ce qui compromet les éventuels piratages du compteur et autres vols de données. Notons que ces fonctionnalités maintiennent un suivi de consommation intelligent compatible avec la transition énergétique.
Au Royaume-Uni, la société OFGEM installe des compteurs électriques depuis 2013 dans les ménages. Récemment, la société à pris la décision d'offrir une tablette connectée pouvant suivre la consommation en temps réel à chaque utilisateur.
ENJEUX GÉOPOLITIQUES
​
Le lieu de stockage des données est devenu un problème géopolitique décisif. Le fait qu’une part non négligeable des données soit conservée aux Etats-Unis, pays aux réglementations bien différentes de la France en termes de respect des données privées, inquiète les utilisateurs, notamment à cause du « cloud act » (loi fédérale américaine adoptée en 2018 sur l’accès aux données de communication). Néanmoins, pour rassurer ses usagers, Enedis a fait le choix de stocker les données en France.
​
​
ENJEUX ÉCONOMIQUES
​
Les compteurs connectés, nouvelle innovation des smartgrids, seraient la clé d’une nouvelle économie qui représente 15 milliards d'euros d’ici 2030 pour les entreprises. En effet, une meilleure gestion du réseau électrique limite les pertes financières, en plus de la création de nouveaux emplois. Côté client, les économies d’énergies sont synonymes d’une facture d’électricité plus légère à la fin du mois.
GLOSSAIRE
CNIL : Commission nationale de l'informatique et des libertés.chargée de veiller à ce que l’informatique soit au service du citoyen et qu’elle ne porte atteinte ni à l’identité humaine, ni aux droits de l’homme, ni à la vie privée, ni aux libertés individuelles ou publiques
​
ABB : ABB est une entreprise suédo-suisse qui regroupe 136 000 collaborateurs dans près de 100 pays et un chiffre d’affaire de 33 milliards de dollars. Elle est l’une des plus grandes sociétés d’ingénierie et l’un des plus grands conglomérats du monde. Elle était le plus grand employeur industriel de Suisse jusqu’en 2020.
​
Smart grids : réseaux électriques intelligents
​
RGPD : Règlement général sur la protection des données. Il responsabilise les organismes publics et privés qui traitent des données.
​
ANFR : Agence nationale des fréquences. Elle gère l’ensemble des fréquences radioélectriques en France. C’est un organisme public.
​
ANSES : L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail, (Acronyme Ansesa ), est un établissement public français. Elle a pour mission principale d'évaluer les risques sanitaires dans les domaines de l'alimentation, de l'environnement et du travail, en vue d’éclairer la décision publique. L'Anses est placée sous la tutelle des ministères de la Santé, de l'Agriculture, de l'Environnement, du Travail et de la Consommation.
LA RÉVOLUTION DU DATASCORE
Suite à la problématique rencontrée par bon nombre de personnes concernant leur données personnelles, nous avons imaginé des initiatives qui pourraient (potentiellement) permettre aux Français de réduire leur méfiance envers le compteur Linky.
Suite à un vote, nous avons décidé de retenir l’innovation « datascore ». Le datascore est un système de notation pour les objets connectés que l’on peut comparer au nutri score déjà existant pour les denrées alimentaires. La note attribuée (A à F) est déterminée en fonction du respect des données personnelles des utilisateurs. Ainsi, un datascore de A correspond à un objet connecté qui ne transmet aucune information de son utilisateur. À l'inverse, un datascore de F correspond à un objet connecté qui transmettrait l'ensemble des données personnelles de l'utilisateur tout en restant conforme aux lois en vigueur.​
​
Ainsi, le compteur Linky recevrait un datascore de B car les données transmises sont anonymisées et restent la propriété de l'utilisateur. De plus, ces données sont stockées en France et peu d’entreprises comme Enedis ont fait ce choix. Ce bon score permettra donc de convaincre les personnes réticentes à l'installation de Linky et peu convaincu par les nouvelles technologies, car cela certifie une bonne utilisation des données personnelles.
​
POUR ALLER PLUS LOIN...
PODCAST
Le data score : une idée qui pourrait peut-être bientôt mettre fin à la controverse liée à la collecte des données de nos compteurs « intelligents » Linky.
Dans un monde toujours plus connecté, nos données personnelles sont au cœur des débats.
Aujourd’hui de nombreuses tensions se sont développées autour du Linky soit, le nouveau compteur « intelligent ».
​
C’est pourquoi, sous l’exemple du nutriscore, le système de notation « data score » a vu le jour en Septembre 2021, un processus consistant à noter la manière de collecter les données via les objets connectés. Cette jeune initiative arrivera-t-elle à changer la perception des consommateurs réticents à l’installation de ces nouveaux compteurs ?
MENTIONS LÉGALES : « Défi de la Rentrée PGE 1ère Année 2021 ». Septembre 2021
Responsable projet :
Lucas Michel-Villaz
Concepteurs site web :
Axel Beynet
Alice Zhang
Corentine Negre
Graphistes :
Natân Boyer
Cléa Faucon
Côme Protais
Présentateurs :
Jade Novara
Martin Dubois
Rédactrices:
Ambre Billy
Camille Braisaz
Célia Guillon